Mon colonel, messieurs les officiers, gradés et gendarmes
Mesdames, Messieurs
En quelques mots, je vais essayer aujourd'hui de vous retracer les différentes étapes du 236° critérium national de Chaumont, qui s'est déroulé sur 5 longs mois.
Cette épreuve, comme les précédentes a connu une grande réussite grâce à la valeur des candidats et à la compétence des organisateurs.
Nous étions nombreux à vouloir obtenir la qualification pour cette compétition. Aussi, dans nos différentes régions, chacun de nous a disputé des tests pré-sélectifs au cours d'une classique de trois jours. A l'issue de cette première sélection, les organisateurs nous convièrent à venir participer au critérium. Le neuf septembre (1975 pour ceux qui ne se souviennent pas ou plus !!!!!!), à notre arrivée, nous fûmes reçus par l'organisateur et son conseiller technique, dans la grande salle où nous nous trouvons actuellement. Là, le premier nous vanta la renommée et l'importance de notre course ainsi que son succès croissant, attirant un nombre toujours plus important de participants. Ensuite, le second nous présenta dans les moindres détails les différentes étapes. Tout était préparé avec minutie.
Le service médical nous attendait pour opérer la sélection définitive et nous administrer sous forme de piqûres un doping à base de Tétra Aspirine Bicarboné Diététique et Tranquillisante, couramment appelée T.A.B.D.T. Tout au long de l'épreuve il devait effectuer des contrôles mensuels de notre poids, lui permettant de s'assurer que les sauces, tubercules et féculents dosés par des spécialistes ne soient une entrave à notre vélocité. Celle-ci fut d'ailleurs furieusement entretenue par les techniciens de l'Entente de la Pédale Sportive plus connue sous le nom de EPS.
Après avoir rejoint les bâtiments fonctionnels réservés aux participants et nous être lavés dans de grandes salles de bains en faïence avec douches individuelles, nous avons troqué nos effets quotidiens pour d'élégantes tenues aux couleurs de nos équipes. Le directeur de course, au nom bien connu dans les milieux cyclistes, assisté du commissaire et du greffier nous répartit en trois équipes. Puis il nous présenta nos directeurs sportifs et leurs assistants. Chacun d'eux avait une compétence particulière que nous allions découvrir tout au long de l'épreuve.
Le vingt quatre septembre, enfin, le grand jour arriva. Nous attendions chacun à côté de notre vélo, lorsqu'un homo sapiens sous développé en caleçon rayé modèle 33 donna le départ. La course était lancée. La caravane s'ébranla lentement derrière les motards qui avaient toute latitude pour assurer la protection et le secours des coureurs. La première étape nous amena à CHOIGNES où nous dédicacions au passage le carnet de déclarations du Commandant de Brigade.
Le lendemain nous attaquions la montagne avec les étapes de BUXEREUILLES qui nous réservaient un col de première catégorie : le MUR.
Puis se furent les étapes de LA VENDUE. De petits groupes commencèrent à se former, mettant en application de grands raisonnements tactiques afin de déborder et d'effectuer des coups de mains sur les échappés. Certains, désorientés, cherchaient à l'aide de la montre et du soleil la direction présumée des fuyards.
Les pièges de la route nous firent faire triste mine et un beau parleur redonna à tous le tonus nécessaire pour attaquer les étapes suivantes et notamment le CORGEBIN où une étape contre la montre de huit kilomètres nous attendait.
Après nous avoir exposé les principes généraux d'exécution de cette spécialité, un des entraîneurs nous donna le rythme et encouragea les moins motivés d'entre nous. Puis, quelques jours de repos nous furent accordés pour refaire nos forces et nous préparer à attaquer les dernières étapes avec un moral sinon des mollets d'acier. Les étapes se succédèrent à nouveau et nous pûmes enfin disputer une épreuve prisée de tous : Le kilomètre départ arrêté. Il se déroulait malheureusement sur la piste GAGARINE, dans un décor sibérien et sur 10 centimètres de neige, et non dans les vertes garrigues.
Nous abordâmes enfin la dernière ligne droite sur le sprint final. Au loin nous apercevions la cavalerie de la Garde Républicaine à la tête de laquelle un étrange hussard, juché sur " Allô Houston 3 " vainqueur du grand prix du Président de la République tentait désespérément de maintenir la foule par un barrage fixe. La ligne franchie rien n'était terminé. Une identification systématique, y compris des participants nés à l'étranger, permit d'éviter tout risque de fraude. Puis nous percevîmes nos primes de course auprès des Services d'Aide Technique qui s'occupaient du financement du critérium.
Tout ceci s'effectuant dans une discipline générale, sous la surveillance assidue d'un assistant à la mèche rebelle, responsable du règlement de l'épreuve.
Chers camarades, nous avons roulé cinq mois dans un esprit de corps et de solidarité. Ceux qui ont franchi la ligne d'arrivée porteront sur leurs épaules une tenue ornée de jaune ou de blanc, voire même de rouge. Mais que vous fassiez partie de l'une ou de l'autre de ces subdivisions, sachez que nous appartenons tous à une même et grande famille :
LA GENDARMERIE NATIONALE.
Nous allons maintenant nous séparer, mais nous continuerons à vivre dans cet esprit.
Signé : L'élève-gendarme Jean-Claude TAPIE

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